Un mardi grisâtre, alors que toutes les chaines prévoyaient un gros orage à venir, la foule déambulait. C'était une foule de travailleurs. Certains allaient bosser, d'autres en revenaient. Certains trainaient morts sur le pavés alors que bientôt les éboueurs allaient faire leur travail et les ramasser. D'autres déambulaient avec des armes types AK-47 bien en vue et allaient faire leur travail aussi...
Personne ne se regardait dans les yeux de peur de provoquer l'autre.
C'est dans cette foule compacte et pourtant très espacée que marchait John, vêtu d'un simple Tee-shirt délavé et dont les auréoles de transpirations ne se cachaient pas. Il avait un pantalon version militaire racheté à moindre prix dans les souk de la sous-ville.
Il cherchait du travail. Après deux ans à survivre et à se cacher, à côtoyer les pires malfrats et mendiants.
A ce moment, un fourgon noir traversa la chaussée à plein gaz pour venir se garer deux cents mètres plus loin dans un dérapage réglé au décimètre près. Les portes arrières s'ouvrirent et laissèrent sortir quatre hommes, tanto robustes, tanto frêles, et une femme avec une balafre au visage. Sans prêter d'attention à la foule environnante, ils commencèrent à descendre du fourgon diverses armes, partant du fusil mitrailleur au minigun, et des caisses de munitions, différentes grenades et autres gilets pare-balles.
Ils prirent tout le matériel et entrèrent dans le bâtiment de l'autre coté du trottoir, officiellement une boutique de tissu désaffectée. Mais ici tout le monde savait que c'était un repère des Russes.
John marcha jusqu'au panneau coulissant venant de se fermer quelques minutes avant, et frappa singulièrement deux fois de son poing sur les plaques de métal. Il attendit une minute et comme rien ne se passait, il réitéra son action. Là, le panneau s'ouvrit pour laisser la place à une armoire à glace d'environ cent vingt kilos de muscle armé d'un pistolet mitrailleur.
"Qué voulez vous?" dit-il en pointant son arme sur John qui n'avait pas bougé, même si au fond de lui, tout son être lui criait de déguerpir à toute jambes avant de se transformer un chair à ferraille.
"Je viens pour bosser. Vous recrutez?" parvint-il tout juste à dire après une douzaines de secondes d'hésitation.
Le type regarda l'homme en face de lui, un gars chétif tremblant, juste bon a faire le ménage. Mais quand il tomba sur son regard, il vit dans ses yeux une lueur de courage inflexible et de détermination absolue.
L'armoire à deux battants en chêne massif sourit.
"Mouais, ti peux entrer, on va voire cé qu'on peut faire pour toi, hum?"
Il invita d'un geste de la main John à entrer dans le bâtiment et referma le panneau derrière lui.